DES GENS BIZARRES

Je me trouvais là, assise sur le bord de cette grande fontaine de ce grand boulevard connu de Londres, afin de me reposer un peu de mon escapade touristique. Il faisait beau et doux, je me sentais bien au milieu de tout ce monde qui s’agitait comme dans une vraie fourmilière.

Un peu à mon insu, voilà que je me trouvais spectatrice de toute cette agitation urbaine, univers qui n’est habituellement pas le mien, préférant bien plus souvent les grands espaces verts et sauvages des campagnes, montagnes ou bord de mer…

Je m’amusais à contempler les gens qui passaient, à les observer et à les deviner, créant dans mon esprit toutes sortes d’histoires avec ces divers personnages aux looks si différents, telle une sorte de patchwork humains. De l’homme d’affaire vêtu d’un costard foncé et stricte au baba cool affublé de multiples couleurs et longueurs dépareillées, du démodé à la fashion victime, du jeans banal à la jupe plissée, tout ce petit monde s’entrecroisait avec plus ou moins d’excitation.

Du visage détendu d’une jeune femme rêveuse et flânant devant les vitrines des boutiques chiques aux sourcils froncés de cet homme au pas rapide et déterminé, s’enfonçant dans les entrailles de cette place bitumée pour prendre son métro, chacun semblait avoir ses propres préoccupations plus ou moins importantes et urgentes. Certains, très pressés hélaient un taxi.

Je me sentais à part et pas du tout impliquée à tout cela, juste observatrice neutre et sans jugement avec toutefois un grand intérêt sur ce qui se déroulait sous mes yeux.

Je pouvais percevoir l’épanouissement de l’un, quoi que plus rare, à la tristesse ou aux tourments de l’autre. Puis parfois, je me trouvais témoin d’une rencontre prévue ou alors inopinée entre deux individus. Certains semblaient être issus de la même famille et d’autres d’un même groupe, plus souvent des jeunes. Des adolescents déambulaient d’un coin de rue, isolés par la musique de leurs écouteurs ou groupés entre eux et accaparés dans des échanges agités. De temps à autre, une personne âgée passait tranquillement, venant probablement faire quelques courses alimentaires.

Puis plus loin, de l’autre côté de la route, un musicien chantait avec sa guitare des chansons aux airs connus et entrainants, il semblait y mettre tout son cœur, visiblement la météo clémente et printanière semblait faire bon effet sur son humeur et sa motivation, attirant ainsi les passants qui laissaient tomber un peu d’argent dans l’écrin de son instrument, les tout petits étaient toujours plus attirés et enjoués que les adultes.

En amont de cette avenue, un autre personnage étrangement déguisé en statue de « Toutankhamon », figé durant de longues minutes, distrayait les touristes, les promeneurs et leurs enfants dans l’attente de quelques sous, comme ce clochard assis sur un coin de trottoir, à la hauteur des pots d’échappement des véhicules et visiblement un peu aviné qui quémandait de temps à autre les badauds, dans l’espoir de petites pièces de monnaie.

Je pouvais également constater les différentes cultures qui semblaient cohabiter de manière plutôt sereine et respectueuse par l’intermédiaire des divers commerçants du quartier.

Tous ces gens me semblaient bizarres et lointains, mais pourtant si familiers, étranges sensations paradoxales, dont je m’imprégnais avec étonnement…

Quel était mon rôle parmi toute cette peuplade terrienne, qu’avais-je à y faire ? J’étais comme une goutte d’eau dans cet océan ou comme un brin d’herbe dans une campagne verdoyante…

Je me levais songeuse et empreinte d’un sentiment d’appartenance sans pour autant y avoir trouvé la réponse, ma réponse…

 

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